Newkronik
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The Society 2019*
Dystopie - Drame - Fantastique - Idée originale
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The Society
Traduction du titre original : La société repartant de zéro (ce qui n'est pas le cas ici).
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Diffusé en France et à l'International à partir du vendredi 10 mai 2019 sur NETFLIX FR.
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De Christopher Keyser ; avec Kathryn Newton, Gideon Adlon, Sean Berdy, Natasha Liu Bordizzo, Jacques Colimon, Olivia DeJonge, Alex Fitzalan, Kristine Froseth, José Julián, Alex MacNicoll, Toby Wallace, Jack Mulhern, Spencer House, Emilio Garcia-Sanchez, Salena Qureshi, Olivia Nikkanen, Kiara Pichardo, Grace Victoria Cox, Naomi Oliver, Rachel Keller..
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Pour adultes
Ce soir-là, c'est le triomphe de la très blonde et très pâle Cassandra Pressman alors que s'achève une pièce de théâtre au lycée d'une petite ville isolée au milieu des bois. Froide, toujours en contrôle, y compris sexuel et pour cause, elle s'attire la jalousie de tous, en particulier de sa petite sœur. Le lendemain, des garçons du lycée s'étonne d'un graffiti citant la Torah (livre religieux juif), alors qu'il n'y a jamais de graffiti en ville, car les autorités maintiennent une pression constante sur la jeunesse. Plus tard, la fille de la directrice et son petit ami surprennent ce qui ressemble à une violente dispute dans le bureau de la directrice. Impossible d'en savoir plus.
Un jour plus tard, à la nuit tombée, trois bus scolaire emmènent tous les jeunes de la ville en camp de vacance. Seulement les bus s'arrêtent à mi-chemin et ramènent les jeunes en ville, et repartent très vite. Aucun parent ne les attend, aucun ne répond à leurs appels téléphoniques. Le graffiti a disparu, les adultes ont disparu, et sans plus s'alarmer, ni s'inquiéter de comment il se peut que l'électricité, l'eau courante et le service téléphonique puisse fonctionner encore sans aucune supervision, pratiquement tous les jeunes ne trouvent rien de mieux que d'improviser une fête alcoolisée dans l'église, ce qui d'ordinaire pour des jeunes américains se termine toujours par minimum trois comas éthylique et autant de mort noyé dans son propre vomi, mais étrangement pas cette fois.
Le lendemain, les jeunes découvrent que la route pour sortir de la ville s'arrête désormais net dans les deux directions, donnant sur une forêt apparemment illimitée. Ne doutant toujours de rien, certains improvisent un pique-nique loin de tout, et apparemment, alors qu'ils étaient censés sortir en forêt, donc savoir un minimum comment s'habiller, une jeune fille allergique trouve le moyen de se faire mordre par un serpent venimeux. Les garçons tentent alors tout ce qu'ils savent en matière de secourisme, sauf ce qu'il faut faire en cas de morsure de serpent venimeux (et un petit détail au passage, la personne mordue est toujours allergique au venin, parce que c'est la nature même d'un venin de provoquer un choc allergique en plus d'autres dommages, qui dépende de la bête responsable du contact, de la morsure ou de la piqûre)..
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Saison 1
(2019 - 10 épisodes)
The Society S01E01: Ce qui est arrivé (What Happened)
The Society S01E02: Notre ville (Our Town)
The Society S01E03: La fin de l'Enfance (Childhood's End)
The Society S01E04: Goutte à goutte (Drop by Drop)
The Society S01E05: Enfiler l'uniforme (Putting on the Clothes)
The Society S01E06: Comme un f..tu dieu ou quelque chose dans le genre (Like a F-ing God or Something)
The Society S01E07: La loi selon Allie (Allie's Rules)
The Society S01E08: Poison (Poison)
The Society S01E09: De nouveaux noms (New Names)
The Society S01E10: Comment c'est arrivé (How it Happens)
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En bref : Première chose à savoir : la série se termine en queue de poisson. La production joue à fond la carte récente d'Hollywood et autres Marvel de chez Disney : vendre en guise de récit plus ou moins complet une bande-annonce rallongée le plus possible pour avoir l'air d'une saison complète. Comparer avec la première saison de Buffy contre les vampires, ou encore les vraies séries qui proposaient avec les mêmes héros à chaque épisode une histoire complète, avec ou sans intrigue en arc, que l'on pouvait même regarder dans le désordre. The Society est le faux-feuilleton typique de cette production américaine et anglaise (et possiblement française) menée par des faux-Marvel, des faux Star-Wars, et trop souvent des séries télévisées de purs remplissages aux tropes copiées-collées en guise de scénarios.
Seconde chose à savoir : la série fait croire qu'elle va vous embarquer dans un récit de Science-fiction, un Mystère (au sens Mystery) ou un récit Fantastique, et ne vous embarque nulle part : elle joue la montre et le "drama" copié-collable dans n'importe quel épisode de Lost ou de Charmed ou de The Crown, elle ne construit aucune intrigue digne de ce nom, aucun univers, aucune loi SF ou surnaturelle, les éléments clés n'existent pas et le suspens relève seulement de la dissimulation d'informations au spectateurs. Quant au cliff-hanger finale, ce n'en est pas un : l'histoire est simplement interrompue. La production tente à plusieurs reprises de détourner l'attention de ses véritables sources d'inspiration en citant plusieurs récits d'aventures (l'aventure du Poséïdon) ou de SF (les chroniques martiennes), mais se garde bien de citer Le joueur de flûte d'Hamelin; Sa Majestée des Mouches, et surtout The Quiet Earth de 1985 et la plus récente série Wayward Pines, adapté des romans. Or Sa Majesté des Mouches est notoirement au programme des collèges / lycées américains et se trouve d'ordinaire systématiquement citées dans les séries pour ados aux USA (par exemple encore cette semaine dans l'épisode de Riverdale). Mon impression est que la production voulait se la jouer Buffy ou True Blood ou Riverdale, mais n'en avait pas les moyens intellectuels et craignait de faire tomber l'illusion si elle révélait ses sources d'inspiration.
Troisième chose à savoir : selon la série télévisée, il n'existe aucun homme blanc (ou autre) responsable et doté d'autorité. Les hommes forts et de grandes tailles (la "garde") sont forcément mieux employés en tant que chair à canon, et n'ont pas vocation à la moindre responsabilité civique, ils doivent seulement obéir à la femme angélique et supérieurement sage (quand bien même elle agirait en odieuse dictatrice et adapte de la peine de mort qu'elle appliquera elle-même après avoir jugée seule de la peine à appliquer, parce que, vous savez bien, c'est pour le bien des autres). Et bien entendu, le méchant est forcément le rouquin plus blanc que blanc (racisme anti-roux, racisme anti-blanc) tandis que curieusement d'autres ethnies sont des anges de discrétion et de douceurs infaillibles alors que dans le monde réel, ils sont faillibles -échangez les couleurs, échangez les sexes et contemplez à quel point The Society propage une haine et un appel fort aux génocides et à l'oppression.
Ajoutons que l'hypocrisie de la production vis à vis des quotas éthniques est sans limites : il semble y a avoir un personnage secondaire dans chaque catégorie, dont l'ethnie (le caractère, la culture) est à l'évidence interchangeable. Aucun ne forme de communauté culturelle, aucun ne partage des éléments utiles à sa communauté. Si par exemple la femme voilée proposait l'application de la Charia ou l'importance d'épouser un homme de sa religion parce qu'il n'y a que lui pour la comprendre" (sic), ou au contraire un message de paix et d'amour appuyé sur des citations ou encore la soit-disant chrétienne prônait les principes élémentaires du christianisme comme le pardon, on aurait pu y croire. L'allusion au terrorisme dans l'affaire du gâteau au potiron est risible et complètement inscrite dans la propagande du jour : et c'était quoi alors, tirer au pistolet dans l'église dès le premier épisode ?
Non, en matière de culture nous avons seulement droit à des jeunes filles qui étreignent des pierres selon un principe méditatif d'un bouddhisme des plus douteux pour être soit-disant plus proche de Dieu, dans une ville sans MacDo ni StarBuck ni PizzaHut (ou leur équivalent dystopique ou parodique comme dans Buffy) : la production se f...t de la gu...le de tous les spectateurs, et dans les faits, ce sont des mannequins blancs de chez blancs qui occuperont tous les rôles clés de la série. Comparez avec la première saison de Heroes pour mesurer la distance, et si vous voulez en prendre encore plus plein les yeux, voyez une série documentaire sur la réalité physique des lycées américains : 80% sont obèses, et aucun ne sort d'un défilé de mode. Même dans le privé, les ados ne sont que des ados et aucun n'a une maquilleuse, une coiffeuse et une styliste pour retoucher leur allure à la moindre intervention dans le moindre des décors.
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Attention, spoilers majeurs
Quatrième chose à savoir : la série fait l'apologie de la peine de mort en exécutant un meurtrier mais en laissant libre de nuire son commanditaire, malgré le fait qu'il a dès le premier jour ouvert le feu, qu'il maltraite et séquestre une jeune fille et est impliqué dans un crime, tout en étant notoirement connu. Un peu comme les sempiternelles séries policières françaises dont on nous abreuve quotidiennement, personne ne semble réaliser qu'être juge et partie ou enquêter sur une affaire personnelle, ou encore décider (seul) de la peine à appliquer au meurtrier d'un parent n'est en aucun cas de la justice, que les preuves présentées n'en sont pas, pas plus que les aveux clairement écrit par les scénaristes pour justifier la haine envers le "tueur" (blanc de chez blanc, roux de chez roux, moqué pour son physique, et tabassé parce que des années auparavant il n'aurait pas voulu sortir avec la petite sœur d'un de ses gardiens de prison - exactement le même genre de comportement qui a conduit au massacre de Colombine). Aucun des protagonistes (et à travers eux, aucun des scénaristes), ne semble imaginer que le métier de gardien de prison existe, et que les erreurs judiciaires (voire les complots et autres agents provocateurs) existent et sont même légions, n'en déplaisent à ceux qui prétendent que nous vivons au pays des bisounours dans la réalité. Le modèle de communauté présenté par la série est purement fasciste, affirmant et réaffirmant sans cesse qu'il faut obéir aveuglément au guide suprême - une petite blonde péroxydée au maquillage impeccable tout au long de six mois alors que toutes les autres filles de la ville sont toutes des tops modèles, aucune grosses et moches à l'horizon.
Cinquième chose à savoir : s'il y a bien des points ou des situations intéressantes à suivre, les jeux de cons sont seuls à faire avancer l'intrigue, encore et encore les héros affirment (autant que les méchants) la nécessité de tromper les citoyens en tenant secret les faits vitaux, en ménageant les faux espoirs (à la LAREM qui justifie ouvertement de mentir aux citoyens pour qu'ils gardent espoir, mais ou retrouve aussi la même idée dans Men In Black, et surtout à la CIA, qui prône l'élimination physique des journalistes d'investigation, la torture et l'emprisonnement des lanceurs d'alertes, dans un but évident d'éviter que les preuves des crimes commis au nom de l'intérêt de la population (mais d'abord et avant tout au profit de quelques uns) ne puissent être utilisés dans un procès, ou justifier une révolution et la purge subséquente des criminels.
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En conclusion : Tout cela fait de The Society une série opportuniste à plus d'un titre, et un véhicule de propagande odieuse déguisé en une romance dystopique à la Hunger Game ou Divergente, qui ont leur défaut mais en aucun cas ne proclame que les jeunes en fonction de leur couleur de peau ou de leur sexe ou même de leur crime méritent seulement la servitude et la mort.
Pour enfoncer le clou et souligner le procédé général de la production qui consiste à faire croire qu'une situation doit être acceptée, parce qu'un seul choix est possible, revoyez la scène où la Mary Sue de service explique à la Garde que les trois garçons forts qui la soutiennent et lui obéissent plus ou moins aveuglément depuis le début n'ont aucun droit à se lancer dans la politique et être élus. En réalité, ce sont des citoyens libres et ils ont tous les droits de se présenter à des élections, et c'est aux électeurs de décider. Ce qu'ils ne peuvent pas faire, c'est rester dans la garde au nom du principe de séparation des trois pouvoirs (que personne ne songe à citer, et qui est actuellement foulé aux pieds dans tant de pays, en particulier en France, en Angleterre, en Espagne etc.). Mais ils pouvaient très bien quitter la garde et recruter avant cela des remplaçants.
Autrement dit, le modèle politique, judiciaire, institutionnel etc. asséné encore et encore au spectateur présumé adolescent est complètement faux, et pour se couvrir, la production fera dire encore et encore à l'héroïne "j'ai fait une erreur", "je ne veux pas du pouvoir", alors qu'en fait elle veut le pouvoir puisqu'elle le tient au lieu de le lâcher, et ses erreurs sont délibérées et constamment motivées par des avantages en nature tout à fait réels et évidents. Et en face d'elle, les méchants sont tous des débiles profonds : par exemple, les femmes veulent le pouvoir c'est-à-dire ne plus avoir à travailler et assurer les tâches qui leur permettent à l'évidence de survivre et de ne pas terminer en esclave sexuelle des plus forts (et réciproquement, qui assure aux hommes de ne pas terminer en esclaves sexuels des plus fortes). Ne parlons même pas des psychopathes de service qui bien sûr sont psychopathes par nature et dont la violence ou la haine ne s'explique a priori que par leur sexe et leur couleur de peau, ce qui n'est jamais le cas dans la réalité, mais toujours le cas dans une œuvre de propagande fasciste génocidaire, peu importe l'emballage.
La Mary Sue de service n'a, de fait, le beau rôle, que parce que les scénaristes ne cessent de distordre la réalité et jouent l'amnésie historique ou l'ignorance constitutionnelle la plus dénuée de bon sens, un peu comme à longueur de journée aujourd'hui l'ensemble des JT français, menés par BFM TV. Et non, tirer des balles dans la tête d'un meurtrier présumé n'est pas juste, ni même salutaire : c'est seulement barbare. Ce n'est pas dans ce cas de la légitime défense et l'héroïne n'est en aucun cas légitime - elle colle alors en tout point au portrait qu'en fait le meurtrier, quand bien même la production tenterait ensuite de se couvrir en racontant que c'était ce qu'ils voulaient dire - dans les faits tout est truqué et le message est plus que toxique, il est ignoble.
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